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« Danser sur un volcan » : au Liban, le tournage d’un film, envers et contre tout

L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR
Beyrouth, ville en ruine : combien de fois a-t-on entendu cette expression, accolée à la capitale libanaise, dévastée par les guerres, et minée par la crise depuis l’explosion du 4 août 2020, dans le port ? Le Liban est, aujourd’hui même, lundi 23 septembre, en deuil, à la suite de frappes israéliennes sur des sites du Hezbollah, dans le sud du pays, lesquelles ont tué près de 300 personnes.
Bref, si les cinéastes avaient attendu le retour de la paix pour filmer, le cinéma libanais ne serait pas ce qu’il est. Les réalisateurs et artistes (photographes, performeurs…) qui documentent le conflit, ou s’en inspirent pour créer, sont légion. Pour n’en citer que quelques-uns, les cinéastes Joana Hadjithomas et Khalil Joreige (Je veux voir, en 2008 ; Memory Box, en 2021) ou encore les dramaturges Lina Majdalanie et Rabih Mroué, qui travaillent désormais à Berlin et sont au programme du Festival d’automne, en 2024 (sept spectacles et cinq performances, dans divers lieux de la région parisienne jusqu’au 20 décembre).
Danser sur le volcan, deuxième long-métrage documentaire de Cyril Aris, procède d’une démarche résiliente : au lendemain de l’explosion, en août 2020, le réalisateur a pris sa caméra pour capter les dilemmes d’une équipe de film. L’une de ses amies, la cinéaste Mounia Akl, doit décider si elle continue, ou pas, le tournage de son drame sociétal, Costa Brava, Lebanon. Très vite, elle choisit de le mener à son terme, avec toutes les difficultés qui ne manqueront pas d’arriver, à commencer par le manque d’argent, puis les coupures d’électricité perturbant la postproduction, etc. Le film en question, sorti en salle en France en 2022, suit le quotidien d’une famille beyrouthine qui part s’installer dans une campagne paradisiaque. Jusqu’au jour où, sur ordre du gouvernement, un projet de gigantesque déchetterie, à proximité de leur maison, vient gâcher la fête.
C’est dans les détails que Danser sur un volcan nous émeut. L’idée que l’art sublime le réel n’est certes pas nouvelle, mais le documentaire enregistre chaque jour de tournage, chaque prise réussie, comme une petite victoire sur la tragédie en cours. Au lieu d’être asphyxiantes, les deux ou trois heures quotidiennes passées en voiture, dans les bouchons, pour atteindre le lieu de tournage, passent comme une lettre à la poste. Les deux petites jumelles et actrices qui découvrent le plateau font diversion. Elles s’attachent aux adultes, confient leurs doutes d’enfants.
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